top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurRihab Hdidou

La course à l'estime de soi, ça nous déprime ?

Dernière mise à jour : 21 oct. 2021

L’estime de soi est une évaluation subjective de notre valeur en tant qu’individu. Cette valeur réside dans nous imaginons devoir être, faire ou avoir pour être valable. Ce phénomène est une source de motivation. Mais il peut aussi nous rendre psychologiquement vulnérables.





Il s’agit d’un des concepts les plus anciens en psychologie sociale, les humains tentent depuis longtemps de déterminer comment estimer leur propre valeur, comme ils le font systématiquement, à peu près pour tout. Pendant longtemps, les psychologues ont considéré qu’une haute estime de soi était une condition essentielle à une vie réussie et positive.




Cette tendance, qui a littéralement explosé dans les années 80, connaît aujourd’hui un énorme regain de popularité. Les citations inspirantes et les articles d’empowerment pullulent sur nos réseaux sociaux, nous rappelant de manière formelle et unanime que si nous voulons réussir notre vie, nous devons améliorer autant que possible l’image que nous avons de nous-mêmes. Et nous lisons partout différentes formes d’appels à : prendre soin de nous, à nous aimer, à nous accepter ou à être indulgent.e.s avec nous-mêmes.


Seulement, quels sont les véritables critères de notre auto-évaluation ?


Des recherches récentes se sont penchées sur les véritables bénéfices de l’estime de soi. La manière dont nous jugeons notre valeur et nos capacités est particulièrement sensible aux regards et aux jugements extérieurs : les opinions et les pensées des autres, ou pire, ce que nous imaginons qu’ils.elles pourraient penser. Nous évaluons donc notre amour propre en fonction du respect de normes imposées, d’attentes de performance, d’injonctions, ou encore, d’un besoin d’approbation et d’acceptation de notre groupe d’ami.e.s, de nos collègues, de notre employeur.se, de notre partenaire, ou même de la société de manière générale.


Les psychologues ont maintenant nommé ce sentiment : l’estime de soi contingente ou Contingent Self Esteem (C.S.E).


Nous aspirons tous à avoir une bonne estime de nous-mêmes. Seulement, une estime de soi évaluée à travers ces contingences peut vite se transformer en une quête désespérée, angoissante et nocive, entretenue par une société qui accorde une importance démesurée à l’amour de soi.


La CSE crée un effet yoyo très pervers avec le sentiment de bonheur et d’amour propre. Les critères étant extérieurs à nous-mêmes, ils sont mouvants et, de fait, hors de notre contrôle. Et c’est précisément ça qui nous fait souffrir. Nous nous sentons alternativement NUL.L.E.S ou AU TOP, en fonction de notre niveau de résistance aux pressions que nous percevons de notre entourage. « J’ai de la valeur aujourd’hui parce que je me sens capable de faire du bon boulot. Mais demain ? » Si je n’arrive à rien, alors je me sentirai nul.le. C’est un cercle vicieux qui nous pousse à rechercher l’approbation, à la trouver, à la perdre les mauvais jours, puis à repartir en quête d’une nouvelle forme de validation. C’est épuisant, complètement contre-productif et ça peut conduire certains d’entre nous à l’auto-sabotage pur et simple.


Dans notre société actuelle, nous sommes tous particulièrement vulnérables face à ce phénomène, notamment les plus jeunes d’entre nous. Nous sommes constamment jugé.e.s en fonction de nos performances à la fois sociales et professionnelles. La crise sanitaire rend la période plus sensible, nos vies privées sont de plus en plus exposées, le marché du travail est instable et l’injonction à l'estime de soi est omniprésente.

Ironiquement, tout ça peut finir par nous rendre égocentriques. Quand nous inquiétons constamment de la façon dont les autres nous perçoivent, nous n’écoutons plus ce que nos proches ont vraiment besoin de nous dire.

Quelle est la solution alors ?

Probablement pas de décréter que le regard des autres ne compte pas. Ce serait faux. En revanche, nous pouvons choisir nos propres critères d’auto-évaluation. Nous pouvons décider d’évaluer notre valeur à la manière dont nous traitons les autres, par exemple. À notre gentillesse, à notre bienveillance, à notre écoute et notre présence auprès d’eux. Ou encore, nous pouvons lier notre « self-esteem » à la notion d’apprentissage ? Ça aurait l’avantage d’amoindrir le sentiment d’échec, qui deviendrait une partie du processus. Peut-être pouvons-nous tout bonnement arrêter de vouloir questionner notre valeur en permanence ? C’est tellement subjectif…. Nous positionner face à cette question existentielle en permanence, est-ce vraiment utile finalement ? Est-ce que ça a un sens tant que nous faisons de notre mieux ?


Sources :

ⓒ Image de couverture : Daily Affirmation with Stuart Smalley ⓒ Photo de Andrea Piacquadio provenant de Pexels

bottom of page